Le culte de Cybèle
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Le culte de Cybèle
Les rites à Cybèle ne remontent pas aux Romains, mais aux populations anatoliennes, puis Phéniciennes. Les Romains n'ont pas qu'adopter une divinité étrangère à l'époque où ils voulaient vaincre Carthage. En prenant possession de la fameuse pierre noire sacrée, représentant Cybèle, c'est la Déesse de leurs ennemis qu'ils voulaient mettre de leur côté.
Cybèle, aussi connue comme la Grande mère, a été adoré à travers la majorité du monde hellénique. Initiatrice de Dionysos à ses mystères. Les Romains l’adoptèrent à leur tour, en l’assimilant notamment à Cérès, la déesse de l’Agriculture. Au début de son culte, celui-ci comprenait des cérémonies orgiastiques au cours desquelles ses adeptes mâles entraient dans une euphorie et se castraient eux-mêmes (lors des Sanguinaria, tous les 24 mars). C’est à partir de ce moment qu’il devenait des prêtres eunuques de la déesse.
Dans la mythologie grecque, Attis fut le jeune époux de la déesse phrygienne Cybèle. Attis était le fils de Nana, fille du dieu fleuve Sangarios (un fleuve d’Asie Mineure). Elle le Personne non grataçut après avoir cueilli la fleur d’amandier jaillie des organes mâles coupés d’Agdistis/Cybèle, qui, née androgyne, avait été castrée par les dieux. Cybèle enfant avait été abandonnée sur une montagne et fût élevée par des lions ou des léopards. Disposant du don de guérison universel, Cybèle protège les enfants et les animaux sauvages. Adulte, la déesse tombera amoureuse d’Attis qui finira par la tromper avec la nymphe Sagaritis. Cybèle le rendra fou au point qu’Attis s’émasculera. Attis n’apparaît que rarement en Grèce mais, associé à Cybèle, il est une divinité acceptée à Rome sous l’empereur Claude et constitua l’un des plus importants cultes à mystères de l’Empire romain.
Chaque printemps les adorateurs de Cybèle vont se rappeler la tristesse de la mort d’Attis en acte de jeûne et de flagellation. C’est uniquement durant la période romaine tardive des célébrations (après 300 A.D.) que le festival printanier a célébré la renaissance d’Attis. Le pin, symbolisant Attis, était coupé et ensuite porté jusqu’au sanctuaire, comme un cadavre. Plus tard, dans la suite du festival, l’arbre était enterré tandis que les initiés entraient en transe et se coupaient avec des couteaux. La nuit suivante, la tombe de l’arbre était ouverte et la renaissance d’Attis était célébrée.
Mais le rite le plus connu du culte de la Grande mère était le sacrifice du taureau, le Taurobole. Il est important de noter, cependant, que ce rituel ne faisait pas originellement parti du culte de Cybèle puisque c'était alors les prêtres et non les taureaux qui étaient émasculés. Il y a été ajouté au milieu du deuxième siècle suite à l’influence grandissante du culte de Mithra.
On faisait ce sacrifice sur une pierre ou une planche percée de trous, placée elle-même au-dessus d’une fosse dans laquelle le fidèle était aspergé du sang de l’animal. Il était ainsi purifié. Les tauroboles se pratiquaient en général assez rarement et donnaient lieu à de grandes cérémonies de masse au cours desquelles de nombreux sacrifices étaient pratiqués.
Cybèle est une déesse de la pleine lune, voire même un peu après la pleine lune, entre la pleine lune et la lune gibeuse descendante. Elle est une déesse de la fertilité certes, une mère certes, mais elle fait partie du cycle sombre de la nature.
Cybèle, aussi connue comme la Grande mère, a été adoré à travers la majorité du monde hellénique. Initiatrice de Dionysos à ses mystères. Les Romains l’adoptèrent à leur tour, en l’assimilant notamment à Cérès, la déesse de l’Agriculture. Au début de son culte, celui-ci comprenait des cérémonies orgiastiques au cours desquelles ses adeptes mâles entraient dans une euphorie et se castraient eux-mêmes (lors des Sanguinaria, tous les 24 mars). C’est à partir de ce moment qu’il devenait des prêtres eunuques de la déesse.
Dans la mythologie grecque, Attis fut le jeune époux de la déesse phrygienne Cybèle. Attis était le fils de Nana, fille du dieu fleuve Sangarios (un fleuve d’Asie Mineure). Elle le Personne non grataçut après avoir cueilli la fleur d’amandier jaillie des organes mâles coupés d’Agdistis/Cybèle, qui, née androgyne, avait été castrée par les dieux. Cybèle enfant avait été abandonnée sur une montagne et fût élevée par des lions ou des léopards. Disposant du don de guérison universel, Cybèle protège les enfants et les animaux sauvages. Adulte, la déesse tombera amoureuse d’Attis qui finira par la tromper avec la nymphe Sagaritis. Cybèle le rendra fou au point qu’Attis s’émasculera. Attis n’apparaît que rarement en Grèce mais, associé à Cybèle, il est une divinité acceptée à Rome sous l’empereur Claude et constitua l’un des plus importants cultes à mystères de l’Empire romain.
Chaque printemps les adorateurs de Cybèle vont se rappeler la tristesse de la mort d’Attis en acte de jeûne et de flagellation. C’est uniquement durant la période romaine tardive des célébrations (après 300 A.D.) que le festival printanier a célébré la renaissance d’Attis. Le pin, symbolisant Attis, était coupé et ensuite porté jusqu’au sanctuaire, comme un cadavre. Plus tard, dans la suite du festival, l’arbre était enterré tandis que les initiés entraient en transe et se coupaient avec des couteaux. La nuit suivante, la tombe de l’arbre était ouverte et la renaissance d’Attis était célébrée.
Mais le rite le plus connu du culte de la Grande mère était le sacrifice du taureau, le Taurobole. Il est important de noter, cependant, que ce rituel ne faisait pas originellement parti du culte de Cybèle puisque c'était alors les prêtres et non les taureaux qui étaient émasculés. Il y a été ajouté au milieu du deuxième siècle suite à l’influence grandissante du culte de Mithra.
On faisait ce sacrifice sur une pierre ou une planche percée de trous, placée elle-même au-dessus d’une fosse dans laquelle le fidèle était aspergé du sang de l’animal. Il était ainsi purifié. Les tauroboles se pratiquaient en général assez rarement et donnaient lieu à de grandes cérémonies de masse au cours desquelles de nombreux sacrifices étaient pratiqués.
Cybèle est une déesse de la pleine lune, voire même un peu après la pleine lune, entre la pleine lune et la lune gibeuse descendante. Elle est une déesse de la fertilité certes, une mère certes, mais elle fait partie du cycle sombre de la nature.
Dernière édition par Anna le Ven 23 Nov 2012 - 6:26, édité 2 fois
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Le voeu de chasteté
Dans l'Antiquité, le voeu de chasteté n'avait pour ainsi dire pas de sens. L'émasculation des prêtres étaient une initiation imitant le sacrifice d'Attis. Attis aurait trompé Cybèle, et se serait émasculé par remords. Il en serait mort et aurait ainsi rejoint la Terre Noire, Cybèle. On comprend ici pourquoi le culte à Cybèle était essentiellement masculin : au contraire de la chasteté, il existe une relation "amoureuse" à la déesse, qui d'ailleurs ne s'entourait elle-même que d'hommes. L'émasculation était un rite extatique provoqué par la douleur d'un don total de soi à Cybèle, une forme de mariage sacré (bien entendu extrême). Le pendant des rites à Cybèle étaient pour les femmes, les mystères de Dionysos, à l'origine réservés aux femmes. Le parallèle entre ces deux divinités est saisissant, puisque Dionysos lui-même ne s'entourait que de femmes, les Bacchantes ou Ménades. Le culte était également extatique, par des danses et chants effrénés, et sanglants, puisqu'à l'origine, il s'agissait de chasses sauvages dans les bois, et que les tragédies grecques parlent de femmes en délire déchirant de leurs mains des animaux de la forêt en l'honneur de Dionysos. Bien entendu, ces rites sont par la suite devenus symboliques (contrairement à ceux de Cybèle lors desquels les prêtres continuaient de s'émasculer).
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Homme et femme
Il est fascinant de constater l'ambivalence de ces divinités de la fertilité, également célébrées pour la stérilité et la mort avant l'heure, mais porteuse d'une récolte mystique et non physique.
A l'origine, Cybèle serait née à la fois femme et homme, donc hermaphrodite, mais les dieux l'auraient châtrée afin d'en faire uniquement une femme. Ceci montre à mon sens l'unicité de la Déesse Mère, à la fois femme et homme, maîtresse et créatrice de tout ce qui existe. Mais aussi que sa nature particulière dérangeait les dieux ... et surtout les hommes qui ont hérité d'une telle déesse venue d'un lointain passé, à laquelle ils durent finalement inventer une histoire pour en refaire une véritable femme.
A l'origine, Cybèle serait née à la fois femme et homme, donc hermaphrodite, mais les dieux l'auraient châtrée afin d'en faire uniquement une femme. Ceci montre à mon sens l'unicité de la Déesse Mère, à la fois femme et homme, maîtresse et créatrice de tout ce qui existe. Mais aussi que sa nature particulière dérangeait les dieux ... et surtout les hommes qui ont hérité d'une telle déesse venue d'un lointain passé, à laquelle ils durent finalement inventer une histoire pour en refaire une véritable femme.
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Les rites
Le culte de Cybèle, tel qu'on le connait aujourd'hui, est principalement la version romanisée d'un culte oriental ancien, et les Romains ont longtemps été méfiants à l'égard de ce culte. Ils ont longtemps interdit la prêtrise de Cybèle à toute personne non orientale, afin de "préserver les moeurs anciennes". Autant ils voulaient de Cybèle dans leur cité, autant ils se montraient méfiants à l'égard des coutumes orientales. De plus, étant devenu un culte officiel dans la Rome ancienne, l'essentiel des rites à Cybèle étaient des processions et des rites publics. Le côté mystique du culte a été plus lié à la dévotion d'hommes se castrant pour devenir des prêtres de Cybèle, les Galles.
Il y a la fête des Megalesia, qui avaient lieu à Rome le 4 avril et qui durait 6 jours, où la statue de la déesse était promenée dans la ville, et il y avait des jeux. Des rites secrets avaient lieu pour les prêtres de Cybèle, mais de ces rites, on ne sait rien.
En fait, la plupart des aspects du culte de Cybèle, dont le taurobole, se rattache plus au culte d'Attis que de Cybèle à proprement parler.
Une petite chose encore pour une lecture correcte de ce passage sur Cybèle. A plusieurs reprises, il est question de la chasteté des matrones, dans la légende du "miracle de Claudia". Il faut savoir que le mot "chasteté" pour les Romains, ne signifiait pas pour les matrones, c'est à dire les femmes mariées, de ne pas avoir de relation sexuelle. Cette chasteté évoquait le fait de n'avoir aucune relation avec un autre que son mari, et était associée à la pudeur, c'est à dire le fait de sortir le moins souvent de chez soi et ne sortir qu'entièrement couverte en ne laissant paraitre aucun atour attrayant. C'est bel et bien de cette chasteté qu'il est question dans cette histoire.
Il y a la fête des Megalesia, qui avaient lieu à Rome le 4 avril et qui durait 6 jours, où la statue de la déesse était promenée dans la ville, et il y avait des jeux. Des rites secrets avaient lieu pour les prêtres de Cybèle, mais de ces rites, on ne sait rien.
En fait, la plupart des aspects du culte de Cybèle, dont le taurobole, se rattache plus au culte d'Attis que de Cybèle à proprement parler.
Une petite chose encore pour une lecture correcte de ce passage sur Cybèle. A plusieurs reprises, il est question de la chasteté des matrones, dans la légende du "miracle de Claudia". Il faut savoir que le mot "chasteté" pour les Romains, ne signifiait pas pour les matrones, c'est à dire les femmes mariées, de ne pas avoir de relation sexuelle. Cette chasteté évoquait le fait de n'avoir aucune relation avec un autre que son mari, et était associée à la pudeur, c'est à dire le fait de sortir le moins souvent de chez soi et ne sortir qu'entièrement couverte en ne laissant paraitre aucun atour attrayant. C'est bel et bien de cette chasteté qu'il est question dans cette histoire.
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Du 4 au 10 avril - la fête de Cybèle
La procession (4, 179-188)
Laissons le ciel tourner trois fois sur son axe éternel; [4, 180] que le soleil attelle et dételle trois fois ses coursiers, et alors on entendra résonner la flûte recourbée du Bérécynte: c'est la fête de la mère des dieux, de la déesse de l'Ida; on verra marcher le cortège des prêtres mutilés, frappant leurs tambours; la cymbale d'airain tintera sous le choc de la cymbale; [4, 185] la déesse elle-même, portée sur les épaules de ses ministres efféminés, parcourra les rues de la ville au milieu des hurlements consacrés. La scène a retenti, les jeux sont ouverts; regardez, ô Romains! Suspendez vos procès, ces batailles du Forum.
La déesse (4, 189-221)
J'ai plus d'une question à faire; mais les sons aigus de l'airain, [4, 190] et le bruit terrible du lotus recourbé me remplissent de trouble. Permets-moi, ô Cybèle, d'interroger tes doctes filles. Cybèle m'entend, et leur commande de venir à mon secours. Fidèles à cet ordre, ô nymphes de l'Hélicon, révélez-moi quel charme ce bruit continuel peut avoir pour la grande déesse. [4, 195] Je dis; Érato, qui a des droits sur le mois de Cythérée, puisqu'elle a emprunté son nom au tendre amour, me parla en ces termes: "Saturne ayant un jour consulté le Destin reçut cette réponse: "O le meilleur des rois! tu seras détrôné par ton fils." Le dieu dévore ses enfants, objets de sa terreur, [4, 200] à mesure qu'ils voient le jour, et les tient ensevelis au fond de ses entrailles. Souvent Rhéa se plaignit d'enfanter tant de fois sans jamais être mère, et déplora sa fécondité; mais Jupiter naquit. Ajoutons foi ici à l'imposant témoignage de l'antiquité, et gardons-nous d'attaquer la croyance reçue.
[4, 205] "Une pierre, cachée dans des langes, descendit dans les entrailles du dieu; il fallait qu'il fût trompé pour que le destin s'accomplît; cependant mille bruits retentissent sur les cimes élevées de l'Ida, pour que les vagissements de l'enfant ne puissent le trahir; [4, 210] d'un côté les Curètes, de l'autre les Corybantes frappent avec des bâtons des casques et des boucliers. Ainsi furent détournés les soupçons de Saturne, et c'est pour rappeler cette ruse antique que les prêtres de la déesse frappent l'airain et les peaux retentissantes; les cymbales remplacent les casques, et le tambour les boucliers; la flûte joue, comme auparavant, dans le mode phrygien."
[4, 215] Érato se lut; je repris: "Pourquoi les lions, ces bêtes farouches, courbant pour la première fois leurs têtes sous le joug, viennent-ils s'atteler au char de la déesse?" Je me tus; Érato reprit à son tour: "Ce fut Cybèle qui adoucit les moeurs féroces des hommes; son char est un symbole de ce bienfait." -"Mais pourquoi sa tête est-elle couronnée de tours à créneaux? [4, 220] Est-ce elle qui, la première, a donné des tours aux villes de Phrygie?"
Attis (4, 221-246)
Un signe de la muse m'apprit que j'avais deviné. "D'où vient, lui dis-je encore, cette rage de se mutiler soi-même." Je me tus, et la Piéride commença ainsi: "Au milieu des forêts, un enfant phrygien, d'une beauté remarquable, nommé Attis, inspira une chaste passion à la déesse couronnée de tours; [4, 225] elle voulut se l'attacher pour toujours, et lui confier la garde de ses temples. "Conserve toujours, lui dit-elle, ta pureté d'enfant." Attis promit d'obéir. "Si je manque à ma promesse, dit-il, que ma première faiblesse soit mon dernier plaisir." Il succomba cependant, et cessa d'être enfant dans les bras de la nymphe Sangaris. [4, 230] La déesse, irritée, veut se venger. L'arbre de la naïade tombe sous les coups de Cybèle; la naïade ne faisait qu'un avec l'arbre: elle périt avec lui. La raison du jeune Phrygien s'égare; croyant que le toit de sa demeure va s'écrouler, il prend la fuite, et gagne les plus hauts sommets du Dindyme. [4, 235] "Éloignez ces flambeaux! s'écrie-t-il, éloignez ces fouets!" Souvent il jure que les furies de Paleste sont à ses côtés; il se déchire le corps avec une pierre sanglante, et sa longue chevelure traîne au milieu d'une impure poussière. "C'est bien, dit-il; que mon sang coule pour expier ma faute; [4, 240] périsse cette partie de moi-même qui est cause de mon malheur." Et, avant d'avoir achevé ces paroles, il se frappe à l'aine, et toute trace de virilité a disparu. C'est cet acte de fureur qu'imitent les ministres efféminés de Cybèle, quand, les cheveux épars, ils retranchent avec le fer ce membre qu'ils méprisent." [4, 245] Ainsi la muse d'Aonie, à la voix mélodieuse, leva tous mes doutes sur la cause de ces violences.
L'introduction du culte à Rome (4, 247-292)
Permets-moi encore une demande, ô toi qui viens de dicter mes vers: dis-moi quelles contrées Cybèle a quittées à notre prière, ou bien si elle a toujours habité notre cité." - "La mère des dieux a toujours chéri le Dindyme, le Cybèle [4, 250] et l'Ida aux sources murmurantes, et la riche cité d'Ilion. Lorsque Énée transporta aux champs de l'Italie tout ce qui restait de Troie, peu s'en fallut que la déesse ne suivît les vaisseaux qui avaient recueilli les choses sacrées; mais elle savait que les destins ne l'appelaient pas encore au Latium, et elle ne changea pas de séjour.
[4, 255] Plus tard, lorsque Rome, déjà puissante, eut compté trois siècles de durée, et levé sa tête au-dessus de l'univers conquis, le prêtre, consultant les oracles des poèmes sibyllins, y lut ces vers: "La mère est absente, Romains, il faut chercher la mère; je l'ordonne, [4, 260] et qu'à son arrivée elle soit reçue par de chastes mains." Les sénateurs se consument en vaines conjectures pour trouver le sens de cet oracle mystérieux. Quelle mère est absente? Où faut-il aller la chercher? On consulte Péan. "Faites venir la mère des dieux, dit-il; vous la trouverez au sommet de l'Ida."
[4, 265] On députe les premiers de Rome. Attale, qui régnait alors en Phrygie, refuse d'accéder à la demande des Ausoniens. Mais, ô prodige! voici que la terre tremble avec un long murmure, et la déesse fait entendre ces mots du fond de son sanctuaire: "C'est à ma prière même que l'on vient me chercher. Point de délais; cesse de retenir celle qui veut partir: [4, 270] Rome est digne de recevoir tous les dieux." Cette voix a frappé Attale d'épouvante: "Pars, dit-il, tu seras toujours néanmoins la déesse des Phrygiens, puisque la Phrygie est le berceau des héros de Rome."
Aussitôt d'innombrables haches abattent ces forêts de pins, que le pieux Énée avait dépouillées aussi avant de partir pour l'exil. [4, 275] Mille bras se lèvent ensemble, et bientôt un vaisseau, décoré au-dehors à l'aide de cires brûlantes, reçoit la mère des dieux dans ses flancs profonds. La déesse vogue sans danger sur les mers soumises à son fils; elle arrive au long détroit de la soeur de Phryxus, dépasse les tourbillons du Rhétée, et le rivage de Sigée, [4, 280] et Ténédos, et l'antique cité d'Éétion. Elle laisse derrière elle Lesbos, traverse les Cyclades, et les eaux qui se brisent contre les bas-fonds de Carystus, et la mer Icarienne, où Icare tomba, n'étant plus soutenu par ses ailes, comme l'atteste le nom qu'il lui a laissé. [4, 285] Entre la Crète, à gauche, et les eaux de Pélops, à droite, elle gagne Cythère, consacrée à Vénus. De là elle vogue vers la mer de l'île aux trois pointes, où Brontès, Stéropès et Aemonidès ont coutume de tremper le fer blanchi dans les flammes. Effleurant les eaux de l'Afrique, elle aperçoit à la gauche de ses rameurs le royaume de Sardaigne, [4, 290] et aborde en Ausonie. Elle avait atteint l'embouchure par où le Tibre se jette dans la mer, et se donne une plus libre carrière.
Le miracle de Claudia (4, 293-348)
Les chevaliers, les graves sénateurs, mêlés au peuple, viennent au-devant d'elle, sur les bords du fleuve toscan. [4, 295] On voit s'avancer aussi les mères et les filles, et les jeunes épouses, et les vierges qui veillent sur le feu sacré! Une corde est attachée au navire; les hommes la tirent avec effort et se fatiguent en vain; le navire étranger ne remonte qu'avec peine le courant qui lui résiste. À un endroit où la terre avait été sèche longtemps, où les ardeurs du soleil avaient flétri les herbes, [4, 300] la quille s'arrête embarrassée dans une vase profonde; chacun travaille à la dégager, et s'y emploie avec zèle; la voix encourae les robustes mains. Mais le vaisseau reste immobile comme une île au sein de la mer. Les hommes, à l'aspect de ce prodige, restent frappés de stupeur et d'effroi.
[4, 305] Claudia Quinta tirait son origine de l'antique Clausus, et sa beauté répondait à sa noble naissance. Chaste, elle ne passait pas pour telle. Un bruit calomnieux avait porté atteinte à son honneur, une accusation injuste pesait sur elle. Sa parure avait prévenu contre elle, ainsi que ses cheveux disposés en tresses élégantes, [4, 310] et ses paroles trop légères, devant des vieillards sévères: pure à ses propres yeux, elle bravait les mensonges de la renommée. Mais nous sommes tous si enclins à croire le mal! Claudia sort de la foule des irréprochables matrones; elle puise dans ses mains l'eau pure du fleuve; [4, 315] trois fois elle en arrose sa tête, trois fois elle lève les mains au ciel. Tous les spectateurs croient que sa raison s'égare; elle s'agenouille, fixe ses regards sur le visage de la déesse, et les cheveux épars, elle prononce ces mots: "Puissante Cybèle, mère féconde des dieux, [4, 320] exauce ma prière suppliante, à une condition que je vais fixer. On accuse ma chasteté. Si tu me condamnes, je m'avouerai coupable; soumise au jugement d'une déesse, je recevrai la mort; mais si je n'ai point failli, c'est à toi à manifester, par un signe éclatant, l'innocence de ma vie; chaste, tu céderas à de chastes mains." [4, 325] Elle dit, et met le navire en mouvement presque sans efforts; prodige que la scène elle-même atteste. La déesse s'avance et suit la main qui la guide; et en suivant Claudia, elle la justifie. Un cri de joie s'élève jusqu'aux cieux. On arrive au coude du fleuve; les anciens ont appelé portes du Tibre [3, 330] le lieu où il se détourne à gauche. Il était nuit; on attache la corde au tronc d'un chêne, et après le repas, on se livre aux douceurs du sommeil. Le jour paraît, on détache la corde du tronc du chêne; mais d'abord on dresse un autel et on y brûle de l'encens; [4, 335] devant la poupe couronnée, on immole une génisse sans tache, qui n'a connu ni le joug ni l'amour. Il est un lieu où l'Almon rapide se jette dans le Tibre, et quitte son nom pour prendre celui du fleuve où il disparaît. Là un prêtre en cheveux blancs, vêtu d'une robe de pourpre, [4, 340] lave dans l'Almon la déesse et les objets sacrés. Les ministres de son culte poussent des hurlements; la flûte fait entendre ces sons qui égarent les esprits; des mains efféminées frappent sur les tambours. Claudia s'avance; la joie rayonne sur son visage: la déesse vient enfin de rendre témoignage à sa chasteté.
[4, 345] Cybèle, assise sur un char, entre par la porte Capène; les génisses qui la traînent sont couvertes de fleurs nouvelles. Nasica la reçut et fut le fondateur de son temple; Auguste porte aujourd'hui le même titre, et Métellus l'avait porté avant lui."
Étiologie de divers rites (4, 349-372)
Érato se tait et attend de nouvelles questions. [4, 350] "Dis-moi pourquoi la déesse semble vouloir s'enrichir de nos modiques aumônes." - "Ce sont les offrandes réunies du peuple, répondit-elle, qui fournissent à Métellus l'argent nécessaire à la construction du temple. Voilà l'origine de ces aumônes qui se recueillent encore." - Pourquoi alors s'invite-t-on les uns les autres plus souvent qu'à une autre époque de l'année? Pourquoi prend-on ce jour pour donner et rendre des festins?" - [4, 355] "Parce que, répondit-elle, la déesse de Bérécynte a heureusement changé de séjour; on cherche le même présage en changeant aussi de demeure." - "Pourquoi les jeux mégalésiens sont-ils célébrés les premiers dans notre ville?" -- "Les dieux, me répondit- elle (car elle m'avait compris), les dieux sont fils de Cybèle: ils devaient cette déférence à leur mère, [4, 360] et c'est elle qui la première reçoit les honneurs sacrés." - "Mais pourquoi le nom de Galles donné à ces prêtres qui se sont mutilés, quoiqu'il y ait tant de distance entre la Phrygie et la Gaule?" -"Entre le verdoyant Cybèle et la haute Célènes, un fleuve, le Gallus, roule ses ondes insensées. [4, 365] Celui qui boit à ces eaux devient fou. N'approchez pas, vous tous qui tenez à votre raison: celui qui boit à ces eaux devient fou." - "Mais n'a-t-on pas honte de servir sur la table de la déesse le moretum, ce ragoût aux herbes? Saurais-tu me dire pourquoi?" -"On rapporte que les anciens se nourrissaient de lait pur et des herbes [4, 370] qui croissaient naturellement dans les campagnes. C'est pour rappeler à la déesse cet aliment antique, qu'on lui offre un mélange de blanc fromage et d'herbes pilées."
5 avril: fête de Fortuna Publica sur le Quirinal (4, 373-376)
Le lendemain, lorsque l'Aurore, fille du géant Pallas, chassant les astres devant elle, aura brillé dans les cieux; quand la Lune aura dételé ses blancs coursiers, [4, 375] dites sans crainte de mentir: En ce jour, autrefois un temple fut consacré à la Fortune publique sur le mont Quirinal.
6 avril: anniversaire de la bataille de Thapsus (4, 377-384)
Le troisième jour, je m'en souviens, on célébrait des jeux; un vieillard qui assistait à ce spectacle, placé tout auprès de moi, me dit: "C'est en ce jour que sur les rivages de la Libye César [4, 380] écrasa l'armée perfide du magnanime Juba. César était mon général; je me glorifie d'avoir servi sous lui comme tribun; c'est de lui que je tins cette charge militaire. La place que nous occupons ici, nous l'avons gagnée, vous à la paix, et moi à la guerre, car vous avez été honoré du décemvirat."
6 avril: pluie au coucher de la Balance (4, 385-386)
[4, 385] Une pluie soudaine vint interrompre notre entretien; la balance aux plateaux mobiles épanchait les eaux des cieux.
9 avril: coucher d'Orion (4, 387-388)
Mais avant que les spectacles aient fini avec le jour, Orion armé du glaive se sera plongé dans l'Océan.
10 avril: fin des jeux de Cybèle. procession et courses au Grand Cirque (4, 389-392)
Demain, quand l'Aurore viendra éclairer Rome victorieuse, [4, 390] et que les étoiles en fuyant auront laissé le ciel à Phébus, on verra s'avancer vers le Cirque une foule innombrable, avec les statues des dieux. Des chevaux rapides comme les vents disputeront le prix de la course.
Laissons le ciel tourner trois fois sur son axe éternel; [4, 180] que le soleil attelle et dételle trois fois ses coursiers, et alors on entendra résonner la flûte recourbée du Bérécynte: c'est la fête de la mère des dieux, de la déesse de l'Ida; on verra marcher le cortège des prêtres mutilés, frappant leurs tambours; la cymbale d'airain tintera sous le choc de la cymbale; [4, 185] la déesse elle-même, portée sur les épaules de ses ministres efféminés, parcourra les rues de la ville au milieu des hurlements consacrés. La scène a retenti, les jeux sont ouverts; regardez, ô Romains! Suspendez vos procès, ces batailles du Forum.
La déesse (4, 189-221)
J'ai plus d'une question à faire; mais les sons aigus de l'airain, [4, 190] et le bruit terrible du lotus recourbé me remplissent de trouble. Permets-moi, ô Cybèle, d'interroger tes doctes filles. Cybèle m'entend, et leur commande de venir à mon secours. Fidèles à cet ordre, ô nymphes de l'Hélicon, révélez-moi quel charme ce bruit continuel peut avoir pour la grande déesse. [4, 195] Je dis; Érato, qui a des droits sur le mois de Cythérée, puisqu'elle a emprunté son nom au tendre amour, me parla en ces termes: "Saturne ayant un jour consulté le Destin reçut cette réponse: "O le meilleur des rois! tu seras détrôné par ton fils." Le dieu dévore ses enfants, objets de sa terreur, [4, 200] à mesure qu'ils voient le jour, et les tient ensevelis au fond de ses entrailles. Souvent Rhéa se plaignit d'enfanter tant de fois sans jamais être mère, et déplora sa fécondité; mais Jupiter naquit. Ajoutons foi ici à l'imposant témoignage de l'antiquité, et gardons-nous d'attaquer la croyance reçue.
[4, 205] "Une pierre, cachée dans des langes, descendit dans les entrailles du dieu; il fallait qu'il fût trompé pour que le destin s'accomplît; cependant mille bruits retentissent sur les cimes élevées de l'Ida, pour que les vagissements de l'enfant ne puissent le trahir; [4, 210] d'un côté les Curètes, de l'autre les Corybantes frappent avec des bâtons des casques et des boucliers. Ainsi furent détournés les soupçons de Saturne, et c'est pour rappeler cette ruse antique que les prêtres de la déesse frappent l'airain et les peaux retentissantes; les cymbales remplacent les casques, et le tambour les boucliers; la flûte joue, comme auparavant, dans le mode phrygien."
[4, 215] Érato se lut; je repris: "Pourquoi les lions, ces bêtes farouches, courbant pour la première fois leurs têtes sous le joug, viennent-ils s'atteler au char de la déesse?" Je me tus; Érato reprit à son tour: "Ce fut Cybèle qui adoucit les moeurs féroces des hommes; son char est un symbole de ce bienfait." -"Mais pourquoi sa tête est-elle couronnée de tours à créneaux? [4, 220] Est-ce elle qui, la première, a donné des tours aux villes de Phrygie?"
Attis (4, 221-246)
Un signe de la muse m'apprit que j'avais deviné. "D'où vient, lui dis-je encore, cette rage de se mutiler soi-même." Je me tus, et la Piéride commença ainsi: "Au milieu des forêts, un enfant phrygien, d'une beauté remarquable, nommé Attis, inspira une chaste passion à la déesse couronnée de tours; [4, 225] elle voulut se l'attacher pour toujours, et lui confier la garde de ses temples. "Conserve toujours, lui dit-elle, ta pureté d'enfant." Attis promit d'obéir. "Si je manque à ma promesse, dit-il, que ma première faiblesse soit mon dernier plaisir." Il succomba cependant, et cessa d'être enfant dans les bras de la nymphe Sangaris. [4, 230] La déesse, irritée, veut se venger. L'arbre de la naïade tombe sous les coups de Cybèle; la naïade ne faisait qu'un avec l'arbre: elle périt avec lui. La raison du jeune Phrygien s'égare; croyant que le toit de sa demeure va s'écrouler, il prend la fuite, et gagne les plus hauts sommets du Dindyme. [4, 235] "Éloignez ces flambeaux! s'écrie-t-il, éloignez ces fouets!" Souvent il jure que les furies de Paleste sont à ses côtés; il se déchire le corps avec une pierre sanglante, et sa longue chevelure traîne au milieu d'une impure poussière. "C'est bien, dit-il; que mon sang coule pour expier ma faute; [4, 240] périsse cette partie de moi-même qui est cause de mon malheur." Et, avant d'avoir achevé ces paroles, il se frappe à l'aine, et toute trace de virilité a disparu. C'est cet acte de fureur qu'imitent les ministres efféminés de Cybèle, quand, les cheveux épars, ils retranchent avec le fer ce membre qu'ils méprisent." [4, 245] Ainsi la muse d'Aonie, à la voix mélodieuse, leva tous mes doutes sur la cause de ces violences.
L'introduction du culte à Rome (4, 247-292)
Permets-moi encore une demande, ô toi qui viens de dicter mes vers: dis-moi quelles contrées Cybèle a quittées à notre prière, ou bien si elle a toujours habité notre cité." - "La mère des dieux a toujours chéri le Dindyme, le Cybèle [4, 250] et l'Ida aux sources murmurantes, et la riche cité d'Ilion. Lorsque Énée transporta aux champs de l'Italie tout ce qui restait de Troie, peu s'en fallut que la déesse ne suivît les vaisseaux qui avaient recueilli les choses sacrées; mais elle savait que les destins ne l'appelaient pas encore au Latium, et elle ne changea pas de séjour.
[4, 255] Plus tard, lorsque Rome, déjà puissante, eut compté trois siècles de durée, et levé sa tête au-dessus de l'univers conquis, le prêtre, consultant les oracles des poèmes sibyllins, y lut ces vers: "La mère est absente, Romains, il faut chercher la mère; je l'ordonne, [4, 260] et qu'à son arrivée elle soit reçue par de chastes mains." Les sénateurs se consument en vaines conjectures pour trouver le sens de cet oracle mystérieux. Quelle mère est absente? Où faut-il aller la chercher? On consulte Péan. "Faites venir la mère des dieux, dit-il; vous la trouverez au sommet de l'Ida."
[4, 265] On députe les premiers de Rome. Attale, qui régnait alors en Phrygie, refuse d'accéder à la demande des Ausoniens. Mais, ô prodige! voici que la terre tremble avec un long murmure, et la déesse fait entendre ces mots du fond de son sanctuaire: "C'est à ma prière même que l'on vient me chercher. Point de délais; cesse de retenir celle qui veut partir: [4, 270] Rome est digne de recevoir tous les dieux." Cette voix a frappé Attale d'épouvante: "Pars, dit-il, tu seras toujours néanmoins la déesse des Phrygiens, puisque la Phrygie est le berceau des héros de Rome."
Aussitôt d'innombrables haches abattent ces forêts de pins, que le pieux Énée avait dépouillées aussi avant de partir pour l'exil. [4, 275] Mille bras se lèvent ensemble, et bientôt un vaisseau, décoré au-dehors à l'aide de cires brûlantes, reçoit la mère des dieux dans ses flancs profonds. La déesse vogue sans danger sur les mers soumises à son fils; elle arrive au long détroit de la soeur de Phryxus, dépasse les tourbillons du Rhétée, et le rivage de Sigée, [4, 280] et Ténédos, et l'antique cité d'Éétion. Elle laisse derrière elle Lesbos, traverse les Cyclades, et les eaux qui se brisent contre les bas-fonds de Carystus, et la mer Icarienne, où Icare tomba, n'étant plus soutenu par ses ailes, comme l'atteste le nom qu'il lui a laissé. [4, 285] Entre la Crète, à gauche, et les eaux de Pélops, à droite, elle gagne Cythère, consacrée à Vénus. De là elle vogue vers la mer de l'île aux trois pointes, où Brontès, Stéropès et Aemonidès ont coutume de tremper le fer blanchi dans les flammes. Effleurant les eaux de l'Afrique, elle aperçoit à la gauche de ses rameurs le royaume de Sardaigne, [4, 290] et aborde en Ausonie. Elle avait atteint l'embouchure par où le Tibre se jette dans la mer, et se donne une plus libre carrière.
Le miracle de Claudia (4, 293-348)
Les chevaliers, les graves sénateurs, mêlés au peuple, viennent au-devant d'elle, sur les bords du fleuve toscan. [4, 295] On voit s'avancer aussi les mères et les filles, et les jeunes épouses, et les vierges qui veillent sur le feu sacré! Une corde est attachée au navire; les hommes la tirent avec effort et se fatiguent en vain; le navire étranger ne remonte qu'avec peine le courant qui lui résiste. À un endroit où la terre avait été sèche longtemps, où les ardeurs du soleil avaient flétri les herbes, [4, 300] la quille s'arrête embarrassée dans une vase profonde; chacun travaille à la dégager, et s'y emploie avec zèle; la voix encourae les robustes mains. Mais le vaisseau reste immobile comme une île au sein de la mer. Les hommes, à l'aspect de ce prodige, restent frappés de stupeur et d'effroi.
[4, 305] Claudia Quinta tirait son origine de l'antique Clausus, et sa beauté répondait à sa noble naissance. Chaste, elle ne passait pas pour telle. Un bruit calomnieux avait porté atteinte à son honneur, une accusation injuste pesait sur elle. Sa parure avait prévenu contre elle, ainsi que ses cheveux disposés en tresses élégantes, [4, 310] et ses paroles trop légères, devant des vieillards sévères: pure à ses propres yeux, elle bravait les mensonges de la renommée. Mais nous sommes tous si enclins à croire le mal! Claudia sort de la foule des irréprochables matrones; elle puise dans ses mains l'eau pure du fleuve; [4, 315] trois fois elle en arrose sa tête, trois fois elle lève les mains au ciel. Tous les spectateurs croient que sa raison s'égare; elle s'agenouille, fixe ses regards sur le visage de la déesse, et les cheveux épars, elle prononce ces mots: "Puissante Cybèle, mère féconde des dieux, [4, 320] exauce ma prière suppliante, à une condition que je vais fixer. On accuse ma chasteté. Si tu me condamnes, je m'avouerai coupable; soumise au jugement d'une déesse, je recevrai la mort; mais si je n'ai point failli, c'est à toi à manifester, par un signe éclatant, l'innocence de ma vie; chaste, tu céderas à de chastes mains." [4, 325] Elle dit, et met le navire en mouvement presque sans efforts; prodige que la scène elle-même atteste. La déesse s'avance et suit la main qui la guide; et en suivant Claudia, elle la justifie. Un cri de joie s'élève jusqu'aux cieux. On arrive au coude du fleuve; les anciens ont appelé portes du Tibre [3, 330] le lieu où il se détourne à gauche. Il était nuit; on attache la corde au tronc d'un chêne, et après le repas, on se livre aux douceurs du sommeil. Le jour paraît, on détache la corde du tronc du chêne; mais d'abord on dresse un autel et on y brûle de l'encens; [4, 335] devant la poupe couronnée, on immole une génisse sans tache, qui n'a connu ni le joug ni l'amour. Il est un lieu où l'Almon rapide se jette dans le Tibre, et quitte son nom pour prendre celui du fleuve où il disparaît. Là un prêtre en cheveux blancs, vêtu d'une robe de pourpre, [4, 340] lave dans l'Almon la déesse et les objets sacrés. Les ministres de son culte poussent des hurlements; la flûte fait entendre ces sons qui égarent les esprits; des mains efféminées frappent sur les tambours. Claudia s'avance; la joie rayonne sur son visage: la déesse vient enfin de rendre témoignage à sa chasteté.
[4, 345] Cybèle, assise sur un char, entre par la porte Capène; les génisses qui la traînent sont couvertes de fleurs nouvelles. Nasica la reçut et fut le fondateur de son temple; Auguste porte aujourd'hui le même titre, et Métellus l'avait porté avant lui."
Étiologie de divers rites (4, 349-372)
Érato se tait et attend de nouvelles questions. [4, 350] "Dis-moi pourquoi la déesse semble vouloir s'enrichir de nos modiques aumônes." - "Ce sont les offrandes réunies du peuple, répondit-elle, qui fournissent à Métellus l'argent nécessaire à la construction du temple. Voilà l'origine de ces aumônes qui se recueillent encore." - Pourquoi alors s'invite-t-on les uns les autres plus souvent qu'à une autre époque de l'année? Pourquoi prend-on ce jour pour donner et rendre des festins?" - [4, 355] "Parce que, répondit-elle, la déesse de Bérécynte a heureusement changé de séjour; on cherche le même présage en changeant aussi de demeure." - "Pourquoi les jeux mégalésiens sont-ils célébrés les premiers dans notre ville?" -- "Les dieux, me répondit- elle (car elle m'avait compris), les dieux sont fils de Cybèle: ils devaient cette déférence à leur mère, [4, 360] et c'est elle qui la première reçoit les honneurs sacrés." - "Mais pourquoi le nom de Galles donné à ces prêtres qui se sont mutilés, quoiqu'il y ait tant de distance entre la Phrygie et la Gaule?" -"Entre le verdoyant Cybèle et la haute Célènes, un fleuve, le Gallus, roule ses ondes insensées. [4, 365] Celui qui boit à ces eaux devient fou. N'approchez pas, vous tous qui tenez à votre raison: celui qui boit à ces eaux devient fou." - "Mais n'a-t-on pas honte de servir sur la table de la déesse le moretum, ce ragoût aux herbes? Saurais-tu me dire pourquoi?" -"On rapporte que les anciens se nourrissaient de lait pur et des herbes [4, 370] qui croissaient naturellement dans les campagnes. C'est pour rappeler à la déesse cet aliment antique, qu'on lui offre un mélange de blanc fromage et d'herbes pilées."
5 avril: fête de Fortuna Publica sur le Quirinal (4, 373-376)
Le lendemain, lorsque l'Aurore, fille du géant Pallas, chassant les astres devant elle, aura brillé dans les cieux; quand la Lune aura dételé ses blancs coursiers, [4, 375] dites sans crainte de mentir: En ce jour, autrefois un temple fut consacré à la Fortune publique sur le mont Quirinal.
6 avril: anniversaire de la bataille de Thapsus (4, 377-384)
Le troisième jour, je m'en souviens, on célébrait des jeux; un vieillard qui assistait à ce spectacle, placé tout auprès de moi, me dit: "C'est en ce jour que sur les rivages de la Libye César [4, 380] écrasa l'armée perfide du magnanime Juba. César était mon général; je me glorifie d'avoir servi sous lui comme tribun; c'est de lui que je tins cette charge militaire. La place que nous occupons ici, nous l'avons gagnée, vous à la paix, et moi à la guerre, car vous avez été honoré du décemvirat."
6 avril: pluie au coucher de la Balance (4, 385-386)
[4, 385] Une pluie soudaine vint interrompre notre entretien; la balance aux plateaux mobiles épanchait les eaux des cieux.
9 avril: coucher d'Orion (4, 387-388)
Mais avant que les spectacles aient fini avec le jour, Orion armé du glaive se sera plongé dans l'Océan.
10 avril: fin des jeux de Cybèle. procession et courses au Grand Cirque (4, 389-392)
Demain, quand l'Aurore viendra éclairer Rome victorieuse, [4, 390] et que les étoiles en fuyant auront laissé le ciel à Phébus, on verra s'avancer vers le Cirque une foule innombrable, avec les statues des dieux. Des chevaux rapides comme les vents disputeront le prix de la course.
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Le Temple de Lanlef - un temple à Cybèle en terre bretonne
Définition de Wikipédia
Le « temple de Lanleff » est un curieux monument en ruines, d’une beauté remarquable, aux formes élégantes, en grès rose, de style roman primitif, construit, pense-t-on au XIe siècle. C'est en fait une ancienne église bâtie sur un plan circulaire, comme l'église abbatiale Sainte Croix-de-Quimperlé. Sa forme serait inspirée de celle du Saint Sépulcre de Jérusalem.
L'édifice se présente à l’origine sous la forme de 2 enceintes circulaires concentriques séparées par un déambulatoire. Aujourd’hui, ne reste qu’une partie de l’enceinte extérieure comportant encore 2 absidioles sur 3 préexistantes. L’enceinte intérieure est constituée de 12 arches soutenues par 12 piliers imposants. Ceux-ci sont ornés, sur leurs chapiteaux et sur leurs bases de sculptures naïves énigmatiques.
Le premier document qui y fait référence est une charte de donation datée de 1148, puis il faut attendre le XVIIIe siècle pour en trouver à nouveau mention chez différents auteurs. Après un voyage d’étude en Bretagne, Prosper Mérimée s’intéresse au Temple et le fait inscrire, selon certains auteurs, à l’inventaire des monuments historiques en 1840.
L'édifice est également remarquable par les éléments décoratifs qui ornent les chapiteaux et les bases de colonnes. On en a compté plus de 140. L'un des plus visibles est la représentation humaine aux mains de très grands doigts qu'Olivier Pagès a appelé Adam pudique (voir photo ci-dessous). Le temple de Lanleff peut être visité librement.
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XI° ou XII° siècle ? je veux bien. En revanche, quand on visite l'édifice (les ruines), apparaît une comme une évidence. Le centre paraît avoir été comblé (on imagine aisément qu'avant il s'agissait d'un lieu creusé) et le système d'eau montre que ce centre même était lavé par les pluies, destinées à nettoyer le sang après le taurobole ? A l'extérieur, une fontaine, un peu comme une grande baignoire.
Les églises en Bretagne ont souvent, très souvent été édifiées sur les anciens lieux de culte.
Temple de Lanleff
La fontaine
Le « temple de Lanleff » est un curieux monument en ruines, d’une beauté remarquable, aux formes élégantes, en grès rose, de style roman primitif, construit, pense-t-on au XIe siècle. C'est en fait une ancienne église bâtie sur un plan circulaire, comme l'église abbatiale Sainte Croix-de-Quimperlé. Sa forme serait inspirée de celle du Saint Sépulcre de Jérusalem.
L'édifice se présente à l’origine sous la forme de 2 enceintes circulaires concentriques séparées par un déambulatoire. Aujourd’hui, ne reste qu’une partie de l’enceinte extérieure comportant encore 2 absidioles sur 3 préexistantes. L’enceinte intérieure est constituée de 12 arches soutenues par 12 piliers imposants. Ceux-ci sont ornés, sur leurs chapiteaux et sur leurs bases de sculptures naïves énigmatiques.
Le premier document qui y fait référence est une charte de donation datée de 1148, puis il faut attendre le XVIIIe siècle pour en trouver à nouveau mention chez différents auteurs. Après un voyage d’étude en Bretagne, Prosper Mérimée s’intéresse au Temple et le fait inscrire, selon certains auteurs, à l’inventaire des monuments historiques en 1840.
L'édifice est également remarquable par les éléments décoratifs qui ornent les chapiteaux et les bases de colonnes. On en a compté plus de 140. L'un des plus visibles est la représentation humaine aux mains de très grands doigts qu'Olivier Pagès a appelé Adam pudique (voir photo ci-dessous). Le temple de Lanleff peut être visité librement.
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XI° ou XII° siècle ? je veux bien. En revanche, quand on visite l'édifice (les ruines), apparaît une comme une évidence. Le centre paraît avoir été comblé (on imagine aisément qu'avant il s'agissait d'un lieu creusé) et le système d'eau montre que ce centre même était lavé par les pluies, destinées à nettoyer le sang après le taurobole ? A l'extérieur, une fontaine, un peu comme une grande baignoire.
Les églises en Bretagne ont souvent, très souvent été édifiées sur les anciens lieux de culte.
Temple de Lanleff
La fontaine
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Prière à Cybèle
Arrière, je vous en avertis, arrière, vous toutes les impures, reculez, ne vous mêlez pas à cette vertueuse tâche, tant que la déesse se contente d’un avertissement !
Que si quelqu’une se prévaut d’un cœur pur, qu’elle se charge, même de sa seule main, de cette fonction sacrée !
Mère des habitants du ciel, divinité qui crée pour nous toutes les divinités, toi dont la descendance gouverne terre, flots, astres et mânes, selon le sort qui accorde le royaume, si aucune faute n’a entaché mon Ame, viens en témoigner, Déesse, et acquitte-moi en exauçant ma prière.
Que si quelqu’une se prévaut d’un cœur pur, qu’elle se charge, même de sa seule main, de cette fonction sacrée !
Mère des habitants du ciel, divinité qui crée pour nous toutes les divinités, toi dont la descendance gouverne terre, flots, astres et mânes, selon le sort qui accorde le royaume, si aucune faute n’a entaché mon Ame, viens en témoigner, Déesse, et acquitte-moi en exauçant ma prière.
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