Chögyam Trungpa Rinpoché (Bouddhisme tibétain) Mythe de la liberté, ou, absence d'égo
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Chögyam Trungpa Rinpoché (Bouddhisme tibétain) Mythe de la liberté, ou, absence d'égo
C'est précisément dans cet effort, en vue d'assurer notre bonheur, de nous maintenir en relation avec quelquechose d'autre, que réside le processus de l'ego. Mais un tel effort se révèle futile parce qu'il y a sans cesse des brèches dans notre monde apparemment solide, sans cesse des cycles de mort et de renaissance, un changement constant. Le sentiment de la continuité et de la solidité du soi est une illusion. En réalité il n'existe rien de tel qu'ego, âme ou atman. Une succession de confusions crée l'ego. En effet le processus qu'est l'ego consiste en une agitation de confusion, une agitation d'agression une agitation de cupidité- tout cela existant seulement dans l'instant. Dès lors que nous ne pouvons nous cramponner à l'instant présent, il nous est impossible de nous accrocher au moi, au mien, d'en faire des choses solides.
L'expérience de la relation du soi, avec des objets extérieurs est en fait une discrimination momentanée, une pensée flottante. Si nous engendrons ces pensées flottantes avec une fréquence suffisante, nous pouvons créer l'illusion de la continuité et de la solidité. Dans une projections cinématographique, les images individuelles se succèdent si rapidement qu'elles produisent l'illusion d'un mouvement continu. Aussi nous forgeons-nous une idée préconçue selon laquelle soi et l'autre sont solides et continus. Munis de cette idée, nous manipulons nos pensées pour la confirmer et toute preuve du contraire nous effraie. Notre prison, c'est cela- cette peur d'être exposé, ce déni de l'impermanence. Or seule la reconnaissance de l'impermanence nous donne la possibilité de mourir, de trouver l'espace pour renaître, et d'apprécier la vie comme un processus créateur.
La compréhension de l'absence d'ego se fait en deux temps. Dans un premier temps, nous nous rendons compte que l'ego n'existe pas comme entité solide, qu'il est constamment changeant et que c'était nos conceptions qui le rendaient solide. Nous en concluons que l'ego n'existe pas. Mais nous avons encore formulé une conception subtile de l'absence d'ego. Il reste quelqu'un pour observer l'absence d'ego , un observateur qui s'identifie à cette absence, pour maintenir son existance.
La seconde étape consiste à voir à travers cette observation subtile et à laisser tomber l'observateur. La véritable absence d'ego est l'absence du concepteur de l'absence d'ego. D'abord quelqu'un perçoit l'absence d'ego, puis il n'y a plus personne pour percevoir. Dans le premier temps, on perçoit qu'il n'y a pas d'entité fixe, parceque quelque chose est relatif à quelque chose d'autre. Dans un second temps, on comprend que la notion de relativité implique un observateur qui la perçoive , la confirme, ce qui introduit un nouveau type de relativité, le couple observateur-observé .
Dire que l'absence d'ego existe réellement parceque les choses changent constamment, ne va pas très loin , étant donné que nous nous accrochons encore au changement comme à quelque chose de solide . L'absence d'ego ne signifie pas seulement que la discontinuité implique le lâcher-prise. La véritable absence d'ego implique aussi bien la non-existance de la discontinuité. Et l'on ne peut donc s'accrocher non plus à l'idée de discontinuité . En fait la discontinuité n'opère pas réellement . Notre perception de la discontinuité est le produit de l'insécurité; c'est un concept; et il en est de même de toute idée concernant l'unité sous-jacente aux phénomènes.
L'idée d'absence d'ego a souvent servi à voiler la réalité de la naissance, de la souffrance et de la mort. Le problème réside dans le fait que, une fois conçues la notion d'absence d'ego et celles de la naissance, souffrance et mort, on peut facilement se divertir ou se justifier en prétendant que la souffrance n'existe pas du fait qu'il n'y a pas d'ego pour la subir et que , ni la souffrance, ni la mort n'ont de réalité, puisqu'il n'y a personne pour les observer. C'est là seulement une façon de s'en tirer à bon compte. La philosophie du Sunyata a souvent été déformée par la présentation d'arguments tels que : " il n'y a personne pour souffrir, alors pourquoi s'en faire ? si vous souffrez, ce doit être votre illusion ". C'est là une simple opinion, une pure spéculation. Nos lectures, nos réflexions ont peu de poids lorsque nous souffrons réellement ; pouvons-nous alors rester indifférents ? Bien sûr que non ; la souffrance excède nos petites idées personnelles . Une véritable compréhension de l'absence d'ego nous permet d'expérimenter pleinement la naissance, la souffrance et la mort, parce qu'il ne s'agit plus ici de délayages philosophiques.
Toute la question est de lâcher tous les points de repère , toutes les conceptions concernant ce qui est ou ce qui devrait être. Il devient alors possible de faire directement l'expérience des phénomènes uniques et vifs. Un espace formidable s'offre à l'expérience des choses, ce qui permet à l'expérience de se produire et de disparaître. Le mouvement s'insère dans un vaste espace . Tout ce qui survient, plaisir et douleur, naissance et mort et ainsi de suite , est expérimenté dans la pleine saveur, sans interférence. Que cela soit doux ou amer, on en fait complètement l'expérience , sans couverture philosophique ni interprétation émotionnelle qui rendent les choses aimables ou présentables.
Nous ne sommes jamais piégés dans la vie, car elle nous offre de constantes occasions d'exercer notre créativité , des défis qui nous provoquent à l'improvisation . Ironiquement, si nous voyons clairement, si nous reconnaissons notre absence d'ego, nous découvrirons peut-être que la souffrance recèle la félicité , l'impermanence, la continuité ou l'éternité, et l'asence d'ego la qualité terrienne de l'être solide. Mais cette félicité transcendantale, cette continuité et ce être, ne seront pas fondés sur des fantasmes, des idées ou des peurs.
Il n'y a que quelques mois, une telle lecture m'était une souffrance mêlée de terreur de perdre les pédales
L'expérience de la relation du soi, avec des objets extérieurs est en fait une discrimination momentanée, une pensée flottante. Si nous engendrons ces pensées flottantes avec une fréquence suffisante, nous pouvons créer l'illusion de la continuité et de la solidité. Dans une projections cinématographique, les images individuelles se succèdent si rapidement qu'elles produisent l'illusion d'un mouvement continu. Aussi nous forgeons-nous une idée préconçue selon laquelle soi et l'autre sont solides et continus. Munis de cette idée, nous manipulons nos pensées pour la confirmer et toute preuve du contraire nous effraie. Notre prison, c'est cela- cette peur d'être exposé, ce déni de l'impermanence. Or seule la reconnaissance de l'impermanence nous donne la possibilité de mourir, de trouver l'espace pour renaître, et d'apprécier la vie comme un processus créateur.
La compréhension de l'absence d'ego se fait en deux temps. Dans un premier temps, nous nous rendons compte que l'ego n'existe pas comme entité solide, qu'il est constamment changeant et que c'était nos conceptions qui le rendaient solide. Nous en concluons que l'ego n'existe pas. Mais nous avons encore formulé une conception subtile de l'absence d'ego. Il reste quelqu'un pour observer l'absence d'ego , un observateur qui s'identifie à cette absence, pour maintenir son existance.
La seconde étape consiste à voir à travers cette observation subtile et à laisser tomber l'observateur. La véritable absence d'ego est l'absence du concepteur de l'absence d'ego. D'abord quelqu'un perçoit l'absence d'ego, puis il n'y a plus personne pour percevoir. Dans le premier temps, on perçoit qu'il n'y a pas d'entité fixe, parceque quelque chose est relatif à quelque chose d'autre. Dans un second temps, on comprend que la notion de relativité implique un observateur qui la perçoive , la confirme, ce qui introduit un nouveau type de relativité, le couple observateur-observé .
Dire que l'absence d'ego existe réellement parceque les choses changent constamment, ne va pas très loin , étant donné que nous nous accrochons encore au changement comme à quelque chose de solide . L'absence d'ego ne signifie pas seulement que la discontinuité implique le lâcher-prise. La véritable absence d'ego implique aussi bien la non-existance de la discontinuité. Et l'on ne peut donc s'accrocher non plus à l'idée de discontinuité . En fait la discontinuité n'opère pas réellement . Notre perception de la discontinuité est le produit de l'insécurité; c'est un concept; et il en est de même de toute idée concernant l'unité sous-jacente aux phénomènes.
L'idée d'absence d'ego a souvent servi à voiler la réalité de la naissance, de la souffrance et de la mort. Le problème réside dans le fait que, une fois conçues la notion d'absence d'ego et celles de la naissance, souffrance et mort, on peut facilement se divertir ou se justifier en prétendant que la souffrance n'existe pas du fait qu'il n'y a pas d'ego pour la subir et que , ni la souffrance, ni la mort n'ont de réalité, puisqu'il n'y a personne pour les observer. C'est là seulement une façon de s'en tirer à bon compte. La philosophie du Sunyata a souvent été déformée par la présentation d'arguments tels que : " il n'y a personne pour souffrir, alors pourquoi s'en faire ? si vous souffrez, ce doit être votre illusion ". C'est là une simple opinion, une pure spéculation. Nos lectures, nos réflexions ont peu de poids lorsque nous souffrons réellement ; pouvons-nous alors rester indifférents ? Bien sûr que non ; la souffrance excède nos petites idées personnelles . Une véritable compréhension de l'absence d'ego nous permet d'expérimenter pleinement la naissance, la souffrance et la mort, parce qu'il ne s'agit plus ici de délayages philosophiques.
Toute la question est de lâcher tous les points de repère , toutes les conceptions concernant ce qui est ou ce qui devrait être. Il devient alors possible de faire directement l'expérience des phénomènes uniques et vifs. Un espace formidable s'offre à l'expérience des choses, ce qui permet à l'expérience de se produire et de disparaître. Le mouvement s'insère dans un vaste espace . Tout ce qui survient, plaisir et douleur, naissance et mort et ainsi de suite , est expérimenté dans la pleine saveur, sans interférence. Que cela soit doux ou amer, on en fait complètement l'expérience , sans couverture philosophique ni interprétation émotionnelle qui rendent les choses aimables ou présentables.
Nous ne sommes jamais piégés dans la vie, car elle nous offre de constantes occasions d'exercer notre créativité , des défis qui nous provoquent à l'improvisation . Ironiquement, si nous voyons clairement, si nous reconnaissons notre absence d'ego, nous découvrirons peut-être que la souffrance recèle la félicité , l'impermanence, la continuité ou l'éternité, et l'asence d'ego la qualité terrienne de l'être solide. Mais cette félicité transcendantale, cette continuité et ce être, ne seront pas fondés sur des fantasmes, des idées ou des peurs.
Il n'y a que quelques mois, une telle lecture m'était une souffrance mêlée de terreur de perdre les pédales
Fleur2lys- Messages : 1176
Date d'inscription : 03/02/2011
Age : 62
Localisation : entre Lyon et Grenoble
Re: Chögyam Trungpa Rinpoché (Bouddhisme tibétain) Mythe de la liberté, ou, absence d'égo
Les techniques de méditation "samatha" et "vipasana" permettent d'approcher l'illusion du mental et de l'Ego par la pratique.
Lorsque tout s'efface apparaît l'ultime réalité : l'union de la clarté et de la vacuité qui forme l'Esprit d'où tout émerge et où rien n'est séparé.
Chogyam Trunpa j'aime bcp sa théorie mais c'est quand même peu pratique.
Lorsque tout s'efface apparaît l'ultime réalité : l'union de la clarté et de la vacuité qui forme l'Esprit d'où tout émerge et où rien n'est séparé.
Chogyam Trunpa j'aime bcp sa théorie mais c'est quand même peu pratique.
Re: Chögyam Trungpa Rinpoché (Bouddhisme tibétain) Mythe de la liberté, ou, absence d'égo
Dhyan, pour vipassana, au début du forum, tu avais mis une video éclairante, qui a été remplacée par un texte...
(Idem pour ho'ponnoponno d'ailleurs, même si ça n'a rien à voir, mais les textes sont moins forts je trouve)
(Idem pour ho'ponnoponno d'ailleurs, même si ça n'a rien à voir, mais les textes sont moins forts je trouve)
Fleur2lys- Messages : 1176
Date d'inscription : 03/02/2011
Age : 62
Localisation : entre Lyon et Grenoble
Re: Chögyam Trungpa Rinpoché (Bouddhisme tibétain) Mythe de la liberté, ou, absence d'égo
Merci beaucoup.
Fleur2lys- Messages : 1176
Date d'inscription : 03/02/2011
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